Cathédrales : le vaisseau du ciel

Les bâtisseurs médiévaux élevaient toute cathédrale en concordance avec le ciel, faisant de celle-ci la demeure de la lumière, au sens concret comme spirituel. Ces concepts de « concordance avec le ciel » et de « demeure de la lumière », ils les ont matérialisés de multiples façons :

* Par l’orientation de l’édifice, dont le seuil est situé à l’ouest et le chœur à l’est. Lorsque vous entrez dans une cathédrale, vous le faites par l’ouest et, en remontant sa nef, vous vous dirigez vers l’est, le lieu où le soleil se lève.

* Par la forme de la nef. Nef vient de navis signifiant navire. Que l’on soit à Paris, Amiens, Chartres ou Vézelay, la nef a la forme d’une coque de vaisseau inversée. En réalité, pour la langue symbolique, elle n’est pas inversée car l’océan sur lequel ce vaisseau navigue est celui des étendues célestes.

* Par le lien entre la cathédrale et la course du soleil, grâce aux vitraux. La rosace nord (à gauche du transept) est toujours dans l’ombre. Les vitraux de l’abside, situés à l’est, prennent vie avec la lumière de l’aube. La rosace sud, placée au midi, se met à parler lorsque le soleil est au plus haut. Enfin, la rosace occidentale qui orne la façade ouest, s’allume avec le soleil couchant. Les couleurs choisies pour ces différents vitraux et le message qu’ils délivrent sont en lien avec les étapes de la lumière.

* Par les étoiles qui décorent les voûtes.

* Par les admirables pavements en mosaïque. Cela peut sembler surprenant de paver le sol avec des étoiles mais le langage symbolique des Compagnons bâtisseurs est clair : Ici vous marchez sur une terre céleste.

* Enfin, par les nombreux zodiaques de pierre ou de verre que nous découvrirons avec le temps dans cette rubrique, en nous promenant à Amiens, Vézelay ou Strasbourg.

C’est parce que les bâtisseurs médiévaux construisaient au nom de la lumière, et pour elle, que leurs œuvres nous touchent, même si nous n’éprouvons pas d’intérêt particulier pour cette époque. Tout comme nous sommes touché(e)s par une sonate de Mozart, sans pour autant savoir lire une partition ou jouer d’un instrument.

Le génie des tailleurs de pierre et des maîtres verriers ne se répétait jamais. Les artisans respectaient bien sûr la tradition, le sens de chaque symbole, mais pour qu’elle demeure vive, ils trouvaient toujours une façon nouvelle de la formuler.