Cathédrales : livre ouvert ou livre fermé

A Notre Dame de Paris, une sculpture de taille modeste veille sur l’édifice. Beaucoup passent devant elle sans la voir alors qu’elle est, en quelque sorte, la signature de l’ensemble. Et cette signature vaut pour toutes les cathédrales.

Il s’agit de la Philosophie au sens que lui donnait les mondes anciens : nulle brillance intellectuelle mais l’amour et la pratique de la Sagesse.

Sa tête et ses pieds sont en contact avec le grand cercle de l’univers. Assise sur un trône, elle tient un sceptre dans sa main gauche. Contre son corps, est appuyée une échelle dont les degrés sont autant d’étapes sur le chemin de la Connaissance. Elle nous montre deux livres, le premier est ouvert et le second, placé derrière le premier, est fermé.

Dans la langue des Maîtres d’œuvre et des Compagnons bâtisseurs, le livre ouvert est celui de la nature visible avec toutes ses merveilles, reproduites d’ailleurs sur ou dans la cathédrale : végétaux, animaux, étoiles. Ce livre ouvert est aussi celui du simple savoir.

Le livre fermé, lui, est lié au secret. Il contient les lois intemporelles, invisibles, qui organisent l’univers, sous-tendent son ordre, sa cohérence et sa beauté. Ce livre est celui de la Connaissance.

Pour aider à y entrer, le Moyen Âge enseignait des « Arts » considérés comme sacrés et nommés « libéraux ». Ils concernaient, entre autre, le Nombre d’or, la Géométrie, la Musique et l’Astronomie.

C’est pour cela qu’à Notre Dame de Paris, à droite de la Philosophie quand on lui fait face, se tient l’Astronomie. Elle manie un astrolabe, instrument qui servait à calculer les heures de lever, de coucher ou de passage d’un astre au méridien.

Cela peut paraître curieux aujourd’hui mais les mondes anciens ne séparaient pas Astronomie et Astrologie. Pour eux, il était évident qu’aucune forme de vie ne pouvait être dissociée d’un cadre plus vaste. Ils observaient donc le ciel. Frappés par l’harmonie des mouvements célestes, ils jugeaient essentiel de vivre en accord avec eux. Ainsi, Astronomie et Astrologie étaient-elles liées.

Dans la pensée traditionnelle, elles servaient, avant toute chose, à la création du temple, à déterminer le moment de sa fondation, sa juste orientation, le calendrier de ses rites et de ses fêtes. Cette tradition a perduré des civilisations les plus anciennes, comme celle de l’Égypte ou de Babylone, jusqu’au Moyen Âge.